Récit de Michel MATA :
Tout d'abord je dois vous dire que nous avons vécu un grand moment de vélo.
Pour les conditions météo, vendredi soleil radieux jusqu'à Barcelone. Samedi idem, je n'ai même pas mis les manchettes, moi qui d'habitude suis un peu frileux.J'avais le soucis d'être le plus léger possible, donc j'ai laissé le caleçon long et le sac à dos à la maison,j' ai m^me négligé la bouffe.
Ensuite grand moment d'amitié.Nous ne remercierons jamais assez Claude pour son esprit et sa générosité, pour le temps qu'il nous a consacré, le véhicule confortable et luxueux dont il nous a fait profiter, de m^me pour Pascal qui est venu nous récupérer en Andorre avec le même véhicule et qui a sacrifié de son temps, parti tôt le matin et rentré tard le soir.Merci à tous les deux.
Merci à Jeff, chapeau pour sa solidarité.Après 120 ou 130 km, saisi de crampes et dans l'impossibilité de pédaler j'ai été obligé de m'arrêter.Il m'a attendu et traîné pendant pas mal de km ce qui m'a permis de me refaire la cerise dans son sillage, accumulant de la fatigue qui lui a coûté cher dans la dernière ascension. Si je suis arrivé avant lui c'est un concours de circonstances. J'étais aussi omnibulé, un peu par le fait de faire une place dans ma catégorie et la crainte de devoir m'arrêter à cause des crampes.Ce qui est arrivé à 3 kms du bout où j'ai mis pied à terre et j'ai eu du mal à repartir.
Une fois la ligne d'arrivée franchie je serai bien descendu quelques mètres pour accompagner Jeff, mais j'étais cloué au sol par les crampes.
On en a chié, mais on est content d'être resté ensemble pour s'aider et se réconforter dans les moments qui parfois étaient très difficiles.
Un vrai boulot d'équipe !!!
Je ne suis pas sur qu'il y ait un classement par catégorie d'âge, il n'y a toujours rien sur le site de l'étape"
Claude :
Je peux rajouter que vous êtes des costauds, des vrais !!
Faire 232 kms en 8h50, c'est pas de la rigolade, tant pis pour les crampes ...
BRAVO les GARS !!!
Compte rendu L’Etape du Tour Barcelone-Andorre du
Samedi 14/09/2013 rédigé par Jeff.
Les chiffres : 230 km, 26 km/h de moyenne, 4700 m de
dénivelé positif, 8 h 47 pour Michel et 8 h 58 pour moi.
Nous ( Michel et moi-même) sommes
donc arrivés le vendredi vers 15 h à Barcelone accompagné par Claude avec son
véhicule mis à disposition pour l’occasion, il s’est également occupé de la
réservation de l’hôtel. Donc les premiers remerciements vont à son attention
(temps et moyens), nous remercions également Pascal F. qui est venu nous
chercher à Andorre samedi mais également Philippe Rouanet et Jean Pires comme
candidats à la logistique.
Suite à notre installation à
l’hôtel, nous décidons d’aller récupérer les dossards à 1km de là, toujours
accompagné par Claude qui veut certainement partager un peu plus l’ambiance de
l’aventure à laquelle il aurait du participer. Déjà première surprise « le
nombre d’inscrit : environ 430 dossards pas plus » donc première
inquiétude « il va absolument falloir intégrer un groupe à notre main pour
ne pas se retrouver isolé sur une telle distance ». Nous prenons un
dernier verre avec Claude et lui souhaitons bonne route pour le retour.
Nous voilà donc seul face à notre destin, je dis cela car
mine de rien « Je ne suis pas fier. En effet je n’ai pas une grosse
expérience en cyclisme et notamment sur une telle distance ». Nous dînons
vers 20 h dans le petit resto juste au dessous de l’hôtel et après une petite
ballade du côté du « Camp Nou » stade mythique du FC Barcelone,
retour à l’appart., une petite douche et au lit vers 10 h avec le réveil
programmé pour 5 h du mat.
Le jour J :
Nous nous levons à 5 h comme
prévu, les réveils n’ont même pas sonnés car pour moi sommeil perturbé depuis 1
h du mat et Michel vers 4 h, « la pression monte !!! ». Petit
déj. à 6 h avec toute l’attention de la charmante hôtesse qui nous a préparé un
petit pique-nique et servi le café. A 6 h 30, nous sommes donc fin prêt pour
rallier la ligne de départ avec les sacs sur le dos. Déjà un petit périple en
soi, vu la grandeur et le poids du sac de Michel « il est déjà prêt pour
son périple du côté de Katmandou », la nuit dans Barcelone et collé par un
bus nous met un peu plus la pression.
Nous nous plaçons sur la ligne de
départ en 2ème ligne à côté des cadors « même pas peur ».
Nous regardons derrière nous, effectivement cela fait pas nombreux pour une
telle distance, il va falloir s’accrocher pour rester dans un bon groupe. Nous
décidons de faire les premiers 100 km ensemble et de prendre une décision pour
la suite en fonction de notre état physique à chacun.
J’espère avoir bien placé le
contexte et l’état d’esprit dans lequel on se trouve. Je parle pour nous deux
car le déroulement de l’aventure me laisse à penser que notre ressenti était
relativement proche.
La course :
car course il y a eu.
Voilà départ est donné à 7 h 20
environ, la traversée de Barcelone au lever du jour, avec les motards et les
habitants, spectateurs d’un instant, est magique. 7 h 30, les fauves sont
lâchés et le peloton dans son ensemble enquille les premiers kms sous un ciel
clair avec une température de 16° mais quand même agréable. Je reste concentré
sur ce début de parcours avec beaucoup de pièges sur la route pour un peloton
regroupé avec les éternelles rétrécissements et ralentissements. Je perds donc
de vue Michel mais suis content de le retrouver alors que nous sortons de la
banlieue de Barcelone. Quelques coureurs sortent de temps en temps d’un peloton
qui roule bien mais pas trop vite, à chaque fois les échappés sont repris, ce
qui me laisse à penser que le vent modéré mais quand même défavorable calme les
ardeurs des plus costauds. Les premières bosses commencent à égrener le peloton
mais nous nous accrochons comme prévu. Michel me surprend déjà par son état
d’esprit, adieu le cyclotouriste, bonjour le compétiteur. Je me dis qu’il va
falloir que je sois bien en jambes aujourd’hui pour tenir son rythme. Le plan
défini est respecté mais je m’inquiète pour ma fréquence cardiaque moyenne bien
au dessus des prévisions notamment pour les 100 premiers kms. Nous passons au
premier ravito (Mansera) qui nous oblige à mettre pied à terre car il y a un
goulot d’étranglement. Nous sommes distancés par les premiers, ce qui nous
obligent à un premier effort conséquent que nous payerons par la suite. Nous
sommes contents d’arriver ensemble au ravito (Solsona) du km 107 et toujours
avec le peloton de tête qui s’est sérieusement amoindri (32 km/h de moyenne à
cet instant de la course). Nous prenons le temps de nous alimenter et de faire
le plein d’eau, ravitaillement pauvre en produits, pas de salés et pas de
produits énergétiques simplement de l’eau et boisson powerade pas forcément
adaptées aux efforts de longues durées. Nous repartons en décidant de continuer
ensemble, et là les conditions de courses ont changées, car les premiers ne se
sont pas arrêtés, bénéficiant certainement d’une assistance personnelle, mais
bon de toute manière nous n’avons pas les mêmes objectifs.
Je disais donc que « les
conditions avaient changées » : En effet, nous attaquons les
difficultés de la mi-parcours, les cyclistes se retrouvent plus ou moins isolés
et nous sommes bien contents d’être ensemble. Nous entamons un travail de
relais où nous nous entendons à merveille, quelques uns en profitent mais c’est
de bonne guerre car ils savent que nous roulons ensemble. L’ascension du Col de
Serra-Seca fait mal aux jambes et moralement car la pente atteint régulièrement
13% jamais en dessous de 9% alors que visuellement ce n’est pas perceptible, il
me faut jeter un œil à mon compteur pour m’en rendre compte ne comprenant pas
immédiatement que la pente s’élève autant. Finalement ce col est une succession
de coups de cul qui puise dans les réserves et nous éprouvent, nous arrivons au
sommet (km 140) avec un pourcentage max de pente à 26%. « dieu que les 90
kms restant vont être difficile »
La descente de 17 km nous permet
de nous retaper un peu physiquement « finalement l’entraînement
paye ». Michel vient à ma hauteur avec le sourire et me dit « on est
encore à 31 km/h de moyenne » fier de lui. Quelques hectomètres plus loin,
le sourire a disparu au profit d’une belle grimace, les crampes l’oblige à
stopper net. Je l’attends et lui dit de se mettre dans mes roues, le
ravitaillement est à 25 km. Ravito km 180, nous reprenons des forces en nous
alimentant, on fait le plein d’eau et s’est reparti pour les 50 derniers kms.
D’habitude une simple formalité mais la dernière ascension commence à se
profiler et nous nous inquiétons de nos forces bien entamées. Je continue mon
travail devant, Michel prend des relais de temps en temps pour me soulager et
nous arrivons à Andorra la Vella, barre symbolique des 200 kms avec 29 km/h de
moyenne « moi qui avait prévu un 25 km/h de moyenne ». Par contre mes
forces ont nettement diminués et je dis à Michel « fini à ton rythme, tu
joues une place dans ta catégorie moi je n’ai rien à gagné ». Et ce qui
devait arrivé, arriva, les crampes apparaissent à la sortie d’Andorre dans les
premières côtes, je m’arrête et Michel file. Je m’étire un peu et repars,
finalement je vois Michel arrêté 200 m plus haut avec les mêmes soucis.
Nous continuons ensemble jusqu’à
la dernière difficulté, 10.6 km à 7.1% de pente moyenne. Dans un état normal,
cette montée n’est pas exceptionnelle mais là « le calvaire commence pour
moi » et Michel trace sa route. Finalement il me m’est plus de 10 mn dans
ce final « sacré Michel ».
Nous sommes contents de nous
retrouver à l’arrivée et « nous nous faisons une accolade chaleureuse
avec le sentiment d’avoir partager une belle aventure ».
A l’arrivée, une de mes premières
pensées va à Claude qui finalement a pris la bonne décision en annulant sa
participation . La difficulté reste importante voire exceptionnelle, cela peut
vite devenir une vraie galère dans le cas d’une préparation insuffisante. Mais
l’aventure est belle et le régal de l’avoir partagée avec Michel m’enchante
encore. Respect à lui et fiers de nous.
Le classement officiel
final à venir.